Théâtre du Chêne Noir


Compagnie de créations qui tourne dans le monde entier, le Théâtre du Chêne Noir, fondé en 1967, est dirigé depuis par l’auteur-metteur en scène Gérard Gelas, rejoint cette année à la co-direction par Julien Gelas, auteur, metteur en scène et musicien. 
C’est aussi ce lieu emblématique permanent d’Avignon, qui accueille hiver comme été des artistes de grand renom comme de jeunes talents à découvrir, et des dizaines de milliers de spectateurs chaque saison. 
Y sont programmés des grands noms du théâtre (Charles Berling, Denis Lavant, Jean-Louis Trintignant, Zabou Breitman, Tchéky Karyo, Richard Bohringer, Emma de Caunes, Philippe Avron, Laurent Terzieff, Thierry Lhermitte, Isabelle Carré, Judith Magre, Philippe Caubère, Jérôme Savary, Didier Bezace…) et de la musique (Léo Ferré, Didier Lockwood, Laurent Garnier, Magma, Rémi Charmasson, Don Cherry, Archie Shepp, Christian Vander, Michel Petrucciani, Souad Massi, Yann Tiersen, Dominique A, Thomas Fersen, Stephan Eicher, Louis Chedid, Manu Di Bango…), mais aussi de jeunes artistes, notamment dans le cadre du Fest’Hiver, un festival de théâtre qu’il a créé avec les directeurs des autres Scènes permanentes d’Avignon. 
 Théâtre, danse, musique, humour, magie, comédies musicales, conférences, cabarets dîners-spectacle… les saisons d’abonnements du Chêne Noir ne laisse pas vraiment de répit entre deux festivals aux amateurs de spectacles du Sud de la France… 
 La Compagnie se distingue également par son très large travail de formation et de sensibilisation au spectacle vivant, dans le cadre des nombreux ateliers de pratique théâtrale qu’elle propose aux enfants, adolescents et adultes, débutants et confirmés, ses cours de mime, l’éducation artistique prodiguée à près de 10 000 jeunes tout au long de l’année (représentations scolaires, visites guidées du théâtre, répétitions publiques, rencontres avec les artistes et les professionnels du spectacle…) 
« Scène d’Avignon » conventionnée, le Théâtre du Chêne Noir est subventionné par le Ministère de la Culture - DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le Conseil Départemental du Vaucluse, la Ville d'Avignon.


Julien Gelas
Après ma prise de fonction au poste de directeur que j’occupe maintenant avec Gérard depuis ce début d’année, beaucoup m’ont demandé si ça ne faisait pas trop à trente ans de gérer un pareil navire, chargé d’histoires et de défis, emblème d’Avignon et du paysage du théâtre en France. Croyant que mon avenir était tout prédestiné à reprendre la direction du lieu, d’autres y ont vu une logique presque implacable, celle de l’héritage. Ces visions parcellaires ont du vrai mais ne recouvrent que superficiellement la motivation essentielle qui m’a ramené dans ma ville de naissance pour continuer à faire croître ce Chêne qui a déjà plus d’un demi-siècle. Alors que ma vie était bien ailleurs, en Chine, où j’enseignais la littérature française et la philosophie dans la première université du pays à Pékin, où je jouais mes premières pièces de théâtre et donnait mes premiers concerts de piano, j’ai décidé d’un commun accord avec Gérard de revenir pour que le Chêne Noir ne tombe pas un jour où l’autre entre les mains de bureaucrates, ou autres commerçants désireux bien souvent de transformer le théâtre en modèle de rentabilité plutôt qu’en laboratoire à rêves et à penser. Prévention donc, mais pas seulement bien sûr. Le Chêne Noir représente pour moi la liberté d’esprit, l’indépendance, la générosité, ce qui fait et fonde l’art, et depuis l’enfance une grande partie de mes rêves se sont associés à ses murs, aux comédiens qui y ont joué et à toute la magie que le théâtre transporte avec lui. J’ai eu la chance de pouvoir évoluer dans différents milieux, l’académie, la musique, loin de mes bases, et ainsi pu m’enrichir de pensées nouvelles. C’est donc tout un univers que je ramène avec moi au Chêne Noir, qui va de la philosophie taoïste, spinoziste, au piano, en passant par des références de mon temps. Car le Chêne Noir a toujours été une troupe et un théâtre au plus près de son temps, non pas pour épouser les caprices aléatoires des modes, mais pour sentir et remettre en perspectives les inanités du moment, ses forces aussi, pour rendre le réel sensible au cœur. 
Se profile donc un changement dans la continuité, comme dirait les politiques, une transformation fidèle préférais-je dire. Je m’appuie sur l’existant, sur la force et l’expérience de Gérard, sur les équipes qui travaillent avec passion et talent à faire du Chêne Noir le théâtre dont la programmation est la plus attendue au festival d’Avignon, et qui toute l’année propose des spectacles d’excellence au public d’Avignon et de la Région Sud. Mais je souhaite naturellement faire grandir cette idée de l’art qu’est le Chêne Noir, pour qu’elle soit reconnue à sa juste valeur, pour qu’à travers elle cette idée qui remonte à Jean Villar et passe par Albert Camus perdure, et qu’en même temps nous nous projetions avec joie et sérieux dans ce 21ème siècle dont l’avenir se dessine en clair-obscur. L’avenir du théâtre est dans son passé, et son présent est dans l’avenir qu’il pressent et dessine comme les poètes le font avec un regard, capable de discerner ce qui naît sous nos yeux rendus aveugles par le temps et la « civilisation matérielle ». 
Si l’on me demande de parler de concret, je réponds que tout est dans ce qui vient d’être énoncé, le reste suivra. Le théâtre est un globe comme l’avait bien vu le poète anglais, il englobe donc, et ne refuse rien si ce n’est la bêtise qui se prend pour de l’intelligence ou la norme, il consent au réel pour mieux le connaître, pour mieux jouer avec lui. Je continuerai comme Gérard de me mettre en quête de tous les poètes et de toutes les âmes insatiables, de vouloir les accueillir au creux du chêne, et de faire jouer les créations du Chêne Noir en France et à l’étranger. Le théâtre est une expédition partagée, et celle devant nous promet d’être pleine d’aventures. 
Julien Gelas, le 2 avril 2019

Auteur, metteur en scène, musicien, chercheur à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris, professeur de philosophie à l’Université de Pékin, traducteur du Prix Nobel de littérature Gao Xingjian, Julien Gelas devient codirecteur du Théâtre du Chêne Noir au côté de Gérard Gelas en 2019.
En tant qu’auteur, il signe Station Liberté, pièce de théâtre qu’il met en scène au festival de Pékin 2015, La promesse du retour, roman, Le Dernier homme, qu’il met en scène au festival d’Avignon 2018 avant d’être invité au Festival International de Pékin, Le Petit Chaperon rouge, créé en décembre 2018 et dont sa mise en scène sera reprise au festival d’Avignon 2019 au Théâtre du Chêne Noir). 
En 2017, il met en scène Un tramway nommé désir de Tennessee Williams à Nankin. Compositeur et pianiste, il signe la musique originale de Virgilio, l’exil et la nuit sont bleus de Gérard Gelas, et vient de sortir son premier album piano solo : « L’éclaircie », qui donne lieu à plusieurs tournées partout en Chine.
Sa prochaine création Le Horla de Guy de Maupassant avec Damien Rémy sera créée en novembre 2019 au Théâtre du Chêne Noir.

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